Sud – Kivu célèbre la liberté de la presse dans le silence absolue de tous les médias locaux. Au réveil matinal, les auditeurs tournent les boutons des appareils radio pour fixer les émissions et suivre les informations mais en vain. Pour certains c’est la panique, pour d’autres les stations des radios sont prise en otages.
La corporation des médias du Sud – Kivu a célébré la journée internationale de la liberté de la presse ce jeudi 03 Mai 2012 sous un mot d’ordre de l’Union Nationale de Presse Congolaise / section du Sud – Kivu. Tous les médias locaux, presses orales, presses écrites et presses audiovisuelles viennent d’obéir au silence d’une demi-journée, mot d’ordre de l’UNPC/Sud-Kivu, pour commémorer cette journée. « Libre de parler », telle a été le gros du ce message que le quatrième pouvoir à véhiculer dans les artères principales de la ville de Bukavu. Une procession prophétique, à laquelle se sont joints les organisations de défense de droit l’homme, est partie de la place ‘Munzihirwa’ jusqu’aux cimetières kilomètre 4 pour immortaliser les journalistes du Sud – Kivu assassinés ainsi que les activistes et défenseurs de droits de l’homme dont leurs corps reposent dans ce site mémorable.
Environ 200 personnes ont pris part à cette marche, habillées en rouge – noir, signe du sang des journalistes activistes et noir l’ombre dans laquelle œuvrent les journalistes et activistes des droits de l’homme suite au contexte politique et sécuritaire marqué par les intimidations et menaces. Sur les calicots, on pouvait lire des messages d’interpellation aux autorités politiques, administratives et judiciaires tel que : « pourquoi tant des journalistes assassinés ?, Pourquoi les procès des journalistes et activistes assassinés n’aboutissent pas ? Pourquoi les enquête sans issues ? Pourquoi les évasions des présumés auteurs ? »
Aux cimetières kilomètre 4, les manifestants ont déposés les gerbes des fleurs aux tombes de 3 journalistes assassinés dont Mr Serge Maheshe (2007) de la radio Okapi, Mr Didas NAMUJIMBO (2008) de la radio Okapi et Mr Bruno KOKO CHIRAMBIZA (2010) de la radio Star. D’autres gerbes des fleurs ont été déposés aux tombes des regrettés Pascal KABUNGULU assassiné en 2005 et Me KATETA assassiné en 2009.
Dans les mots des circonstances, Mr Maurice NAMWIRA de Héritier de la Justice a fait savoir que les assassinats des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, les intimidations et menaces dont ils sont victimes constituent l’arome qui redonne la renaissance et le succès de la presse et du travail des défenseurs des droits de l’homme. Pour lui, l’action de ce 03 Mai 2012, consistait à venir déterrer la liberté de la presse dans les cimetières et la ramener dans la cité où elle doit encore agir pour un changement des comportements.
Pour Kaddy AZUBA de la radio Okapi, les journalistes du Sud – Kivu doivent prendre pour modèle les 3 confrères assassinés, qui ont été privés de la parole par les coups de balle mais dont leur professionnalisme reste gravé dans la mémoire des auteurs des médias sudkivutiens.
Le Centre Olame qui a pris part à cette activité, rappel aux personnes de bonne volonté et aux activistes des droits de l’homme qu’il est temps de renforcer le plaidoyer auprès des autorités compétentes de la RD Congo pour que les présumés auteurs de ces crimes soient jugés et punis conformément aux textes légaux. Le silence des différents acteurs face à ces crimes ignobles et mal orientés c’est un danger pour l’avenir et la dignité de l’homme.